Déplacements et utilisation spatiale des phoques communs dans l'estuaire de l'Elbe en Allemagne

Rapports scientifiques volume 13, Numéro d'article : 6630 (2023) Citer cet article

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Les phoques communs sont les principaux prédateurs de la mer du Nord et sont considérés comme des sentinelles de la santé des écosystèmes. Quelques centaines sont également présentes dans les estuaires adjacents, comme l'estuaire de l'Elbe, en Allemagne. Cependant, on sait peu de choses sur la manière dont ces animaux utilisent cet habitat dynamique influencé par les marées, qui subit une forte pression anthropique depuis des décennies. Dans ce contexte, neuf phoques communs (Phoca vitulina) de l'estuaire de l'Elbe ont été équipés de dispositifs de biotélémétrie pour suivre leurs déplacements sur plusieurs mois. Les déplacements des phoques communs étaient caractérisés par de courts déplacements (durée du voyage en dehors de la saison de mise bas pour les femelles : 9,0 ± 1,12 km, mâles : 7,0 ± 1,24 km) ainsi que par de petits domaines vitaux (domaine vital médian de 50 % pour les femelles : 16,3 km2, mâles : 36,1). km2) par rapport aux phoques communs des régions marines. Dans l’estuaire, les animaux utilisaient le chenal, les bras de rivière et les affluents. Au cours de la saison de mise bas en juin et juillet, quatre phoques ont montré des longueurs et des durées de voyage fortement réduites, des durées d'échouage quotidiennes accrues ainsi que des domaines vitaux plus petits. Même s'il y a probablement un échange continu avec des phoques communs de la mer des Wadden, la plupart des individus participant à cette étude ont passé toute la durée du déploiement à l'intérieur de l'estuaire. Cela indique que l'estuaire de l'Elbe fournit un habitat approprié pour les phoques communs, malgré une utilisation anthropique intensive, ce qui nécessite des études plus approfondies sur les conséquences de la vie dans un habitat aussi industrialisé.

Les phoques communs (Phoca vitulina) sont l'une des espèces clés de la mer du Nord et sont considérés comme l'un des principaux prédateurs de l'écosystème, aux côtés du phoque gris (Halichoerus grypus) et du marsouin commun (Phocoena phocoena)1,2,3. En mer du Nord, les phoques communs sont présents dans un ensemble diversifié d’habitats allant des côtes rocheuses autour du Royaume-Uni jusqu’aux vasières intertidales de la mer des Wadden4,5. La population de phoques communs de la mer des Wadden, située entre Den Helder aux Pays-Bas et Esbjerg au Danemark (pour plus de détails, voir la carte de la figure A. 1 dans les documents supplémentaires), est dénombrée chaque année par des relevés aériens, la dernière enquête sur la mue s'élevant à à 23 652 individus dénombrés en août 20226. L'espèce présente des tendances divergentes en termes d'abondance dans toute son aire de répartition européenne, certaines zones étant stables ou en augmentation, et d'autres subissant de sérieux déclins, par exemple les îles Orcades et l'est de l'Écosse1,4. En revanche, les effectifs dans la mer des Wadden se sont stabilisés à un niveau élevé au cours des dernières années, ce qui pourrait indiquer une limitation de la croissance induite par la capacité de charge1,7. Avec 13 304 individus recensés en 2022 (56 % de la population de la mer des Wadden), la partie allemande de la mer des Wadden est considérée comme un fief de l'espèce dans la région6.

La caractéristique physique caractéristique de la mer des Wadden est la marée lunaire semi-diurne, qui expose régulièrement des bancs de sable dans les vasières intertidales8. Pendant ces périodes, les phoques utilisent le substrat disponible et s'échouent pour se reposer. Outre le repos, ces échoueries dépendantes des marées sont également utilisées plus fréquemment en juin et juillet pour donner naissance aux petits ainsi qu'en août pour la mue5,9,10,11. Les échoueries utilisées par les phoques communs sont généralement situées dans des zones moins influencées par l'homme, alors que les plages des îles et des côtes habitées ne sont pas fréquentées au même degré11,12.

Les phoques communs de la mer des Wadden effectuent régulièrement des voyages au large vers la mer du Nord, qui peuvent parcourir plusieurs centaines de kilomètres et durer de plusieurs jours à plusieurs semaines13,14,15,16. Alors que l’on pensait auparavant que ces voyages ciblent des zones où la disponibilité de proies est accrue, permettant une recherche de nourriture intensive15, des recherches récentes utilisant des capteurs de mouvement à haute résolution suggèrent que les taux d’alimentation ne diffèrent pas considérablement entre les périodes de transit et les périodes au large13. Cela démontre que les phoques communs accèdent à des proies largement réparties et ont un taux de consommation alimentaire constamment élevé13, ce qui se traduit par une flexibilité accrue dans l'exploitation des ressources en proies et conduit à une dépendance éventuellement réduite à l'égard des zones locales à forte densité de proies.